une rencontre.....

A l’angle d’Arnaud Bernard ( Une place mal famée de Toulouse) Un peu en retrait du distributeur de la banque, s’installe un clochard. Il semble vieux. La barbe sale, abondante, ajouter des cheveux long encore plus sale , ça donne un tas de crasse humaine. Le reste, vieux vêtements crasseux, puants. Une casquette qui ressemble à un essuie tout de garagiste. Il traîne avec lui un tas imposant de sacs hétéroclites, bourrés comme des bagages de milliardaires.

J’ai pris l’habitude de lui filer 1 euros. Puis les jours suivant on a parlé.

-T’as pas froid par terre ? Sont pas trop radin les citadins ?

- Non ça va, merci ! J’ai l’habitude, je suis équipé… Il me montre les journaux disposés sous ces fesses, comme protection.

Un autre jour, j’avais acheté des croissants. Une petite faim surprise à combler. Ce jour là, je lui file ses un euros, lui emprunte un journal, m’assoie à côté de lui.

-Allez on partage ! Je lui tends le paquet. Avec de l’ironie dans la voix il repousse mon paquet.

-Si Môsieurs veut bien me servir ! Bicause mes pattes dégueulasse….

Je m’exécute et pendant cinq bonnes minutes nous avons mastiqué. Sans un mot, juste un ou deux regards.

Les attitudes de mes voisins m’amusaient. Visiblement intrigués que je sois en compagnie du tas de chiffons que régulièrement ils s’ignorent ou méprise.

Une fois l’opération restauration terminée il me désigne son litron de rouge.

-Prend un coup, mon pote ! Faut toujours mouiller la terre pour avoir une belle racine !

Je refuse poliment. J’explique :

-Je bois pas, à part le café.

Il grimace, jure que c’est dangereux de ne pas ‘siroter’. D’après lui ça casse le savoir vivre. Ça rend ‘cul serré’ et blanc bec. Comment veux-tu résister aux microbes ? C’est sales bêtes ! Ça vie dans la flotte. Elle te bouffe les boyaux. Tu crèves par le bas ! Fière de sa logique scientifique, il enchaîne : La pollution des eaux, les prix aussi. Le voilà ensuite qui me tiens une conférence sur les vapeurs d’alcool qui selon lui, jouent le rôle de nettoyant cervical.

A sont humble avis preuve que le cerveau est bien propre puisque après une ‘murge’ : Un, on a mal au crâne. Deux, on est gai comme un pinson. Il insiste. Pourquoi tu crois qu’à chaque fois j’ai envie de recommencer ? :

-Parce que ça fait du bien par ou ‘qu’sa passe’ !...En levant un doigt solennel il m’assène un dernier argument.

-Mon pote ! Plus on a d’idées plus il faut se cuiter. C’est de l’hygiène !

Il y avait longtemps que je ne m’étais pas aussi bien amusé. On c’est serré la paluche. Juré à demain copain. Voilà, grâce à un croissant, je venait d’élargir mon cercle de connaissance d’une unité.