Bière surprise.....

                                   Je suis resté en poste sur la région du lac Malawi, nord du Mozambique, pendant 14 mois .

                                    Bon un peu de géographie. La frontière nord du pays est pratiquement délimitée du lac Malawi à la côte (océan indien) par une rivière la Ruvuma. Celle-ci est navigable en barque ou pirogue hors saisons des pluies. La frontière intérieure qui sépare le pays du Malawi et de la Zambie plus bas est défini par le lac (le Malawi) qui s'étire en longueur vers le sud en bout de celui-ci une rivière en débouche qui trace une autre portion de frontière et va se jeter dans le fleuve Zambèze.

                                  Celui-ci traverse le Mozambique , passe par la ville de 'Tète' et sans va mourir dans l'océan indien entre Beira et Quelimane.

                                  Maintenant remontons vers le nord ; c'est à dire direction l'équateur. Hé oui, hémisphère sud donc on est à l'envers de l'autre.... Mon ordre de mission délimitait ma zone d'opération à la région des plateaux autour de la ville de Liginga, jusqu'en bordure de fleuve lugenda, qui lui coule vers nord et se jette dans la Ruvuma

Assez de géo. La raison de ma présence : A l'aide de quatre compagnies de chasseurs établir une sécurité acceptable pour la mise en place des administrations civils.

Le président du Mozambique, Alberto Joachim Chissano, était un adepte de «  l'Effet Maharishi »

                          Un truc tordu importé des indes........ Une unité de prévention fut établie au Mozambique afin de prévenir la guerre par le développement de la cohérence dans la société.

                           Son objectif était la pratique de la Méditation Transcendantale et du programme de MT-Sidhi deux fois par jour.          

Je rigole pas c'est vrai..... Cette technique simple et naturelle de méditation qui vient de la tradition védique et a été remise à jour par Maharishi Mahesh Yogi. Plusieurs études, confirmées et publiées ont présenté la preuve que la pratique individuelle ou collective de la Méditation Transcendantale et du programme de MT-Sidhi amène dans la société un surcroît d'harmonie et d'ordre. Quand la taille du groupe est suffisante, la cohérence sociale se développe dans la région. Elle engendre ce qu'on appelle «l'Effet Maharishi». ( nous on dirait effet boule de neige)    Un moyen comme un autre de les déshabituer de la guerre. C'est mieux que de s'égorger.....Avant cela il fallait faire un 'léger' nettoyage ….

Donc le brave Président amateur de méditation transcendantale, voulant un peuple pacifique, nous a recruté nous "les mauvais blancs" pour faire le sale boulot, et lui comme  ponce pilâtes  "c'est pas moi c'est eux..."

                                   Cette région (le Cambo Delgado) ce trouvait sous la coupe de groupes dissidents dont celui de Massimo Golander qui continuait sa petite guerre perso. Il disait lui "ma petite entreprise"....

Donc entouré d'un staff de quatre officiers et six sous-offs pendant des semaines notre travail fut surtout de l’administratif. Contact avec les population. Mises en place de postes, qui étaient appelé à rester définitivement. Les ratissages ou opérations d'actions contre les groupes de dissidents étaient fréquentes...

                                   Puis l'accueil des services de santé et leur installation. L'organisation de l'aide humanitaire et sa mise en place. Les chefferies qui elles s'occupaient immédiatement des mini-structures des villages et des écoles , des besoins d'eau, et de bétails pour relancer l'élevage. La guerre et ses maquis avaient répandu la misère.

Nous une de nos plus grosse charge, le déminage et la récupération des armes de guerre, ainsi que la réouverture des routes, pistes et ponts.

Évidement rapidement nous vîmes arriver les religieux. Ils se présentaient sous la forme d'organisations sanitaires ou humanitaires. Pour moi s'était toujours la même horde de rapace qui venait se nourrir de la misère des populations :

Catho sous la forme jésuitique grandes gueules , Protestant intransigeants, échangeurs de baptême contre des casseroles, qui sous l'apparence prédicateurs-médecins ne pensaient qu'a détruire les coutumes ….Les Musulmans eux sous la forme d'imams marchants de bazar répandaient les trafiques les plus divers...Heureusement je possédait quelques bonnes geôles.

Je ne me suis pas privé , plusieurs fois, de faire goûter à cette engeance le confort de mes cellules. Ce qui les a rendu malléable rapidement.

Un jésuite de corvée de 'tinette'!   Un régal pour mon âme noire....

Un pasteur à la corvée de vaisselle! Un plaisir pervers pour un gueux de mon espèce....

Un Imam ! Occupé à déserber les immenses cours du casernement ! Une jubilation pour moi l'infidèle....

Ma réputation en a pris un sacré coup...Ils m'afublèrent du charmant surnom de: 'O Tolo'....le fou....

                                    Entre officiers nous avions établis un ordre de roulement qui nous permettait à tout de rôle de prendre une semaine de congé tout les mois et demi. Un paradis !J'ai pu visiter et faire de longues balades en bateau sur le lac...Là-bas les bières fond 340 millilitres comme en Afrique du sud, elle coûte 20 Mzn (0,50) prononcer 'Mèticaeichhh'

Anecdote........On ne garde souvent de Mac Mahon en France qu'un vague souvenir de lycée. Mais si, ce président français de 1873 à 1879 sous la IIIe République ! Celui qui devait « se soumettre ou se démettre » selon la formule restée célèbre de Gambetta. Non ? Vous ne vous rappelez toujours pas ? C'est, à ma connaissance, le seul président français qui a donné son nom à une marque de bière. A l'étranger en plus.

Oui, oui, notre Maréchal comte de Mac Mahon, duc de Magenta, au Mozambique, une ancienne colonie… portugaise. Et qui ne compte pas plus d'une poignée de Français.

Créée dans les années 40, la blonde 2M est pourtant l'une des bières les plus populaires du pays. À la santé du Maréchal. Pardon, à celle du Président !

Une bière pour une frontière.......

Et là, vous me direz, c'est bien gentil,quel rapport avec la frontière . J'y viens.

Il faut remonter à la fin du XIXe siècle. À cette époque, le Mozambique est une colonie portugaise. Les Anglais, qui se battent avec les Boers (prononcer Bouurs) pour le contrôle de l'Afrique du Sud, ont des vues sur le sud du pays. En particulier la baie de Maputo.( aujourd'hui capitale du Mzambique) Ils ont même commencé à s'y installer. La tension monte entre les deux puissances coloniales.

Seulement, le Portugal et l'Angleterre entretiennent d'excellentes relations économiques. Ils ne veulent pas que la situation dégénère et font appel à un arbitrage international. Celui de la France en l'occurrence.

                                       Nous sommes en 1875 et à cette époque notre Président s'appelle Patrice de Mac Mahon. Comme la famille du Maréchal est d'origine Irlandaise. Descendant en ligne direct des anciens rois d'Irlande, virée d'Irlande par les Anglishs, Mac Mahon décide de donner raison au Portugal. Il délimite chacune des zones d'influence selon une ligne qui constitue encore aujourd'hui la frontière entre la région sud-africaine du Kwazulu-Natal et le Mozambique.

Sans cette intervention, Maputo et la région environnante serait certainement en Afrique du Sud à l'heure où je vous parle. Et Mac Mahon n'aurait pas de bière qui porte son nom. En tout cas pas au Mozambique.

A noter que les Sud-Africains ne sont pas rancuniers puisque la C°.Cervejas-De-Mocambique, qui produit et distribue la bière Mac Mahon, est une filiale de la multinationale d'origine sud-africaine SAB Miller. Voilà, vous savez tout.

Vous pourrez désormais crâner en société.....