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3 octobre 2011

1965 un matin

09_POSTE_LECOQ-ade22

Je n’aime pas trop en général, me lever tôt. Traîner au lit est un plaisir lascif que j’apprécie.

 

Mais en opération c’est le contraire. Peut être à cause de la literie réduite à sa simple expression : Un lit ’Picot’ (toile épaisse tendue sur un cadre) Dessus une couverture légère.

Ça n’incite pas à faire le lézard….

De plus j’ai toujours eu un sens aiguë de mes responsabilités. J’ai des difficultés à déléguer. Plus fort que moi, faut que je contrôle et ‘foute’ mon nez partout. Ce qui agace mon ‘staff’.

Mamal l’ordonnance a déjà préparé le café. C‘est un type bien. Ce qui m’agace chez lui c’est cet orgueil qu’il étale de travailler pour ‘pa’ton blanc’. Il a même disposé le vieux tourne disque à piles ‘La voix de son maître’ Je dit pas une connerie c’est vraiment le nom du fabriquant. Son sigle est un petit chien blanc à l’œil poché qui écoute assis, inspiré….

Dessus mon disque préféré. Une obsession : ‘ Bessie Smith’ San Louis blues, le premier de 1920. Chez moi ce style de musique tourne au vice.

J’aime bien Paul Robeson aussi. C’est plus religieux mais j’aime….

Quand trois ou quatre fois l’an je me rends en ville pour craquer mon fric. En compagnie de quelques bon compagnons j’aime m’installer au bordel-hôtel-restaurant et amis 'le Lys bleu'.

J’y ai ma chambre. Mes habitudes, mes effets aussi (une petite valise, quelques photos, deux ou trois bibelots (des cadeaux).c’est bien pour un traîne savates dans mon genre.*

J’oubliais c’est la patronne Lina qui gère mon compte. Le trésorier payeur verse ma solde chez elle .Enfin quand on est payé… Elle se charge du reste. Elle fait face à mes dettes. Envoie 15% sur un compte en France pour ma famille. Prend 10% pour elle, tiens le reste à ma disposition pour……..Depuis deux semaines, j’ai reçu l’ordre d’installer un cantonnement définitif à Lubumbashi. Qui deviendra une caserne pour les troupes gouvernementales futur.

Puis de pacifier la région. Une bande terre longue de deux cents K ms sur la frontière de la Zambie. Pays peu amical qui vise cette région (mines d’or et Cobalt)

La construction en dur de la caserne est en route, nous avons installé un camp de toile en périphérie en attendant.

Parallèlement nous mettons en place dans les villages des postes armées. Une navette journalière de deux camions. Ceci pour rassurer les populations. Alimenter nos postes et assurer un service civil de soins et d’alimentations.

Les gens des villages, surtout les femmes, ont vite repéré la régularité intéressante des deux véhicules. Donc à force de culot, de sourires, de palabres et bakchichs divers ils ont transformés les navettes en autobus de brousse.

La population aux débuts méfiante, doucement s’ouvre devant une troupe disciplinée, propre et journellement à leur écoute.

Je suis heureux de constater les gestes de confiance. Ils sont aussi une source de renseignement importante : Ils connaissent la région. Ils savent quand les pillards s’infiltre et par ou….Ils leurs ont servis d’esclaves depuis des années.

004

Nous voir construire sur toutes cette région leur prouve notre intention de rester. Puis les groupes de ‘Broussards’ qui ratissent les environs sont des ‘Bas-congo’ comme eux. Ils débusques et supprimes les pillards sans états d’âmes. En quelques semaines les ‘broussards’ ont crée la panique chez l’adversaire.

Des hommes entraînés. Prenant plaisir à les chasser comme des bêtes. Ne faisant jamais de prisonniers. Enfin parfois juste le temps de « discuter »un peu....Du style: Tu parles j'écoute...Détruisant leur campement, libérant les prisonniers. Quasi que des femmes, des gamines…..Le bouche à oreilles, les exemples, les matériels récupéré et redistribué gratuitement dans les villages leurs donnent espoir d’avoir enfin des humains qui les protègent ; sans les faire payer d’une façon ou d’autre…

Cette région est plate : De la savane herbeuse. Beaucoup de bois clairsemé. Sur le bord de la rivière Luaba qui arrose ce coin la végétation est plus touffue. Mais rien à voir avec les forêts de nord ouest. Épaisses, peu pénétrables, royaume des derniers grands singes.

Ici le gibier est du gibier courant principalement : Antilopes, petit buffle à grandes cornes. Un peu de zèbre, Gnou . Donc aussi Lions, quelques guépards des hyènes des busards etc, etc….

Je déguste mon café et rejoint les collègues sous la tente de commandement. Une grande toile rectangulaire dite ‘marabout’.

Je salut le groupe. Tous ont le visage marqué par notre beuverie de la veille et aussi mal lavé.

Jon né au Mozambique, sec comme un amandier, bavard comme une pie, joueur comme un chinois, me dit qu’il est prêt à partir avec une poignée de voltigeurs, à la rencontre sur la piste d’Idra des quatre personnes de la croix rouge. J’ai effectivement maintenant que la sécurité est bonne, demander au QG de nous envoyer du renfort sanitaire. La radio un gros C10 Américain (à cette époque les portables n'existaient pas ) m’avait annoncé la venue du groupe, plus un camion de matériel (médicaments et munitions).

Paul le lieutenant, un grand métis 'Cafre' rigole devant l’empressement que mets Jon . Bien sur dans le groupe de visiteurs il y a trois femmes.

Je suis un peu perplexe. La présence de trois blanches dans le camp m’inquiète. Je me prends à espérer que le centre médical a envoyé des ‘bonnes sœur’…

Dareck un hongrois énigmatique aux yeux bleus presque transparent. Me dis que lui part ce matin avec deux sections à cheval.

Mission : Destruction d’un groupe dans les collines Alanine. Ils sont encerclés depuis trois jours.

On les a laissé cuir un peu. Maintenant on va les nettoyer. Ils ont tué et pillé depuis plus d’un an. Je discute un bon moment avec lui sur ces intentions. Ce type est un militaire rigoureux. Il a prévu deux systèmes d’attaque. L’un basé sur un nappage aux petits mortiers de 60;pour ouvrir la route. Ce qui d’après lui suffira pour ‘casser’ définitivement. L’autre 'système' un assaut par les flans avec un appui en tir tendu central de 75 sans recul monté sur land-Rover. Pour le final il emmène deux GMC pour le ramassage des armes et matériel entreposé par les pillards, ainsi que le retour des prisonniers libérés.

Quand aux carcasses des pillards il demandera l’aide des villageois pour les mettre en terre. Ce qui sera un ticket de propagande auprès de la population.

Je lui explique ma journée » et lui promets de le rejoindre le lendemain. Il sait que j’en ai marre de faire le rond de cuir. Je crève d’envie d’aller sur le terrain. Il me tapote le dos et son regard vide poser sur moi :

  • T’as bien le temps de crever dans la poussière ! Ça viendra n’ai crainte…

Je le suis des yeux. Il me foutrait la trouille ce con !

 

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